De façon générale, les municipalités ont tendance à n’ouvrir leurs parcs que durant la belle saison et à n’offrir que quelques aménagements durant l’hiver dans un espace restreint : butte pour glissade, patinoire, sentiers de ski de fond… La planification privilégie nettement l’été, au détriment des autres saisons. Cependant, l’accessibilité des parcs en toute saison, avec la possibilité d’y pratiquer une multitude d’activités à l’année, commence à apparaître dans les perspectives des gestionnaires de parcs. Les défis sont cependant nombreux : variations climatiques importantes, durabilité des équipements, polyvalence des aménagements, entretien, mise en valeur d’attraits à l’automne et au printemps, appropriation continue, volonté politique, etc. Comment aménager un parc de façon qu’il attire des gens chaque saison? Voici quelques pistes.

Ouvrir un parc à l’année peut paraître complexe, mais il suffit d’un peu de planification et d’imagination pour faire toute la différence. Évidemment, il serait utopique de croire que toutes les installations puissent être fonctionnelles à l’année. C’est surtout le cas des installations aquatiques, qui ont une vocation saisonnière, et de certains équipements qu’il est fortement conseillé de fermer pendant la saison froide pour des raisons de sécurité (comme les structures de jeu, voir Espaces de jeu libre en hiver). Le cas échéant, il est important d’en prévenir les usagers par différents moyens de communication : panneaux indicateurs bien visibles, mention sur le site internet de la municipalité, message dans le journal communautaire, etc.

La majorité des aménagements peuvent cependant servir à l’année. C’est le cas des espaces de jeu libre, des lieux de rassemblement, des terrains multisports (voir Aménagements à vocation multiple) ainsi que de la plupart des terrains sportifs, qui peuvent être utilisés pour d’autres usages en dehors de la saison régulière. Les chemins et les sentiers sont parmi les installations les plus polyvalentes parce qu’ils peuvent, selon les saisons, permettre les déplacements fonctionnels, la randonnée, la course, le vélo, la raquette, le ski de fond, le vélo à roues surdimensionnées (fatbike) et même le patin si le sentier est glacé (voir Sentiers).

Certains aménagements hivernaux comme une patinoire, une pente de glissade ou un anneau de glace peuvent être temporaires et installés à des endroits qui n’ont pas d’autres fonctions le reste de l’année. Par contre, dans un souci de rentabiliser l’espace et les investissements, les municipalités cherchent de plus en plus à exploiter les terrains en permanence. Par exemple, il arrive que l’anneau de glace ou la patinoire récréative (sans hockey) soient installés sur le terrain de balle, non utilisé pendant l’hiver. D’autres installations, antérieurement considérées comme des équipements hivernaux, ont maintenant une vocation quatre-saisons très définie. C’est le cas de la surface multifonctionnelle (ou patinoire permanente) qui, l’été venu, pourra être utilisée comme piste de danse, terrain de basketball, terrain de tennis, parc de planche à roulettes ou autre.

Penser « annuel » en matière d’aménagement requiert de la planification. Il s’agit d’exploiter de façon optimale les caractéristiques du terrain (relief ou pentes, plans d’eau, alternance d’espaces boisés et d’espaces ouverts) en pensant aux différentes utilisations qui en seront faites à chacune des saisons.

Si, par exemple, on a une pente intéressante pour la glissade en hiver, on veillera à l’aménager adéquatement pour cette fonction (voir Aires de glissade – Guide d’aménagement et de gestion), notamment en dégageant sa base, de façon à éliminer les dangers de collision avec des équipements ou des arbres qui se situent au bas de la pente.

Si vous prévoyez glacer des sentiers pour le patinage en hiver ou encore les tracer pour le ski de fond, il faut y songer dès la conception de l’aménagement puisque la fondation du sentier devra pouvoir supporter la machinerie nécessaire à l’entretien.

Il est également essentiel de bien planifier le drainage du parc afin d’évacuer l’eau de pluie, mais également l’eau de fonte des neiges. Un drainage efficace aura pour effet l’assèchement rapide du terrain, ce qui permettra d’utiliser les différents espaces plus tôt au printemps.

De façon générale, on peut dire qu’un parc ouvert à l’année a la capacité de s’autoanimer (voir Appropriation d’un parc). C’est pourquoi il importe de planifier l’aménagement de façon à offrir des espaces et des équipements accueillants en tout temps. Au-delà des installations, il peut s’avérer pertinent d’encourager la fréquentation des parcs en proposant une gamme d’activités très variées. À cet égard, l’automne et le printemps posent un défi particulier : ce sont en général des périodes « hors-saison » que les programmations négligent.

Souvent associé au retour du froid et de la pluie, l’automne marque habituellement le début de la saison des activités intérieures. Pourtant, les automnes chauds et longs que nous connaissons depuis quelques années conviennent particulièrement bien à la tenue de nombreux événements et peuvent permettre le prolongement de la programmation extérieure. Voici quelques exemples d’activités automnales : mini-saison d’activités sportives (soccer, baseball, Ultimate, etc.), Journées de la culture, courses de cross-country, randonnées animées, initiation à la mycologie, fête d’Halloween, marché de Noël, feu de joie et contes.

Le printemps peut s’avérer plus problématique puisque la neige n’est pas complètement fondue, que le terrain est souvent gorgé d’eau et que les sentiers sont boueux. Dans le but de préserver le bon état de certaines installations, l’accès peut même être restreint en période de dégel. Il importe alors de miser sur les espaces exploitables en orientant les citoyens vers des lieux et des installations qu’ils peuvent fréquenter : sentiers asphaltés, surface multifonctionnelle, jeux lignés, terrains de tennis, etc. On peut aussi remédier au « vide » de cette saison intermédiaire en proposant quelques événements : journée « cabane à sucre », chasse aux cocos de Pâques, atelier de mise au point de vélos ou sur la sécurité à vélo, grand bazar d’équipements sportifs, grande corvée de nettoyage, exposition et partage de vivaces, journée de l’arbre, Jour de la terreJournées de la nature, etc.

Un service de prêt de matériel quatre-saisons peut contribuer à accroître la fréquentation, peu importe le temps qu’il fait. Pourquoi ne pas mettre à la disposition des usagers des balles, des ballons, des frisbees et autres accessoires de jeu ou de sport au printemps et à l’automne aussi bien qu’en été? Et remplacer le matériel par des moules pour la neige, des pelles et des raquettes en hiver? Le service peut être libre et gratuit (ex. : coffre à jouets communautaire) ou fonctionner selon un autre mode selon la nature du matériel mis à la disposition du public.

Par ailleurs, l’environnement naturel du parc offre de nombreuses possibilités d’activités (libres, suggérées ou dirigées), et ce, en toute saison : concours de photo à la période des couleurs, ornithologie, rallye, interprétation, etc. Il suffit parfois d’un minimum de planification pour inciter les usagers à pratiquer ces activités à tout moment de l’année.

Si la sécurité est d’une importance primordiale pour assurer la fréquentation d’un parc en toute saison, le confort peut représenter pour plusieurs personnes une condition souhaitable. On entend ici par confort la possibilité de se mettre à l’abri en cas d’intempérie, de s’asseoir au sec, de se sécher et de se réchauffer, d’avoir accès à des installations sanitaires, à de l’eau potable et à des aliments, etc.

Les bâtiments de services devraient être ouverts aux mêmes heures que le parc. Un parc ouvert à l’automne ou en hiver où le bâtiment de services principal est fermé risque de voir sa fréquentation limitée.

À certains moments à l’automne ou en hiver, pourquoi ne pas offrir un petit plus? Soupe ou boisson chaude, feu de camp, dispositifs brise-vent dans les espaces à découvert, etc.

Quand les journées sont plus courtes, il ne faut pas négliger l’éclairage afin de prolonger les heures d’utilisation des installations et d’assurer la sécurité (physique et perçue) des usagers.

L’entretien des parcs constitue un enjeu majeur toute l’année. Un entretien régulier et des vérifications constantes doivent être effectués de façon régulière et le plan d’entretien devrait prévoir des actions et des ressources (humaines et financières) qui tiennent compte de toutes les saisons. Certains équipements nécessitent d’ailleurs une préparation particulière en fin ou en début de saison (p. ex. : équipements aquatiques, aires et appareils de jeu pour enfants).

En hiver, il convient de déneiger ou d’entretenir régulièrement les sentiers fonctionnels et d’inspecter la signalisation.

Les sentiers récréatifs (randonnée, ski de fond, raquette) seront bien balisés en tout temps.
Les bâtiments de services doivent être accueillants, propres et bien entretenus à l’année.

Voir Entretien d’un parc et de ses équipements.

C’est plus particulièrement en hiver que les changements climatiques causent des maux de tête aux gestionnaires de parcs en raison de la difficulté croissante d’exploiter des patinoires extérieures et d’autres installations destinées aux activités hivernales en plein air. Brusques variations de température, recrudescence des épisodes de redoux, réduction de la période de gel et d’enneigement ont pour effet de limiter l’exploitation de certaines installations.

L’aménagement de surfaces permanentes pour les patinoires, l’installation de toitures au-dessus des patinoires ou le recours aux glaces réfrigérées, même s’ils nécessitent des investissements financiers importants, peuvent être envisagés comme des pistes de solutions pour favoriser la pratique d’activités sur glace si ancrées dans nos traditions. Mais les redoux et les pluies hivernales n’en sont pas moins des obstacles à la participation aux activités traditionnellement hivernales. La diversification des activités proposées et l’offre d’une programmation ponctuelle complémentaire à la programmation saisonnière semblent être des voies d’avenir dans un contexte où le changement et l’imprévisibilité sont de plus en plus à l’ordre du jour.

Novembre 2018