N’étant soumis à aucun standard prédéfini, les responsables de la mise sur pied d’un skateparc font face à plusieurs défis pour plaire à un bassin d’utilisateurs mixte et changeant. Comme les tendances en matière d’obstacles évoluent sans cesse, il est important de prendre en compte plusieurs aspects importants au moment de la planification d’un projet de skateparc afin que celui-ci réponde convenablement aux besoins des sportifs.

Recommandation : Il est avantageux pour les municipalités de former des équipes multidisciplinaires à l’interne pour chapeauter de tels projets. Ces équipes peuvent réunir des architectes-paysagistes, des spécialistes en loisir ou en sport, des contremaîtres travaillant aux travaux publics ou aux parcs et d’autres professionnels de divers horizons. Les municipalités sont bien entendu libres de constituer leurs propres équipes selon les expertises variées du personnel à l’interne. Ces équipes assureront les conditions de succès des projets en partageant leurs expertises.

Exemple d’équipe interservices pour un projet multidisciplinaire

Professionnel en loisir : propriétaire du projet et responsable de l’ensemble de la démarche; assure le lien avec les autres services municipaux et les usagers
Architecte-paysagiste : responsable de l’aménagement non technique, surtout de l’intégration harmonieuse des installations dans l’ensemble (parc ou autre espace public)
Professionnel des Travaux publics : devra prévoir l’entretien des installations et du site
Professionnel de l’Urbanisme : aura son mot à dire sur le choix du site et veillera à ce que le projet soit conforme aux règlements municipaux, notamment le zonage
Autres : responsable de la sécurité publique, responsable de l’approvisionnement (présence régulière ou au besoin)

Un aspect important de la pratique des sports d’action est la créativité. Les pratiquants recherchent de la nouveauté dans l’exécution de figures. Les parcours doivent offrir une certaine unicité pour que les pratiquants puissent créer des manœuvres ou des enchaînements inédits qui suscitent l’engouement. L’unicité, c’est le caractère distinctif d’un lieu ou d’une chose, son originalité en quelque sorte.

Une erreur flagrante commise dans le passé a été de recourir aux mêmes modèles de parcs que d’autres villes avoisinantes, ce qui empêchait les usagers de diversifier leur pratique et de créer un engouement pour les nouvelles installations. L’unicité des parcours est également primordiale pour que les skateparcs aient une identité, constituant une espèce de « signature » pour la municipalité.

L’attrait visuel, ludique et fonctionnel des installations aura un effet considérable sur le succès du skateparc. Une structure qui est belle visuellement suscite un intérêt auprès des non-utilisateurs. La qualité ludique d’un skateparc est fondamentale pour que les usagers s’y plaisent et utilisent la surface fréquemment. Des installations complémentaires à proximité peuvent également participer à l’attrait du parc.

L’intégration organique d’un skateparc à son environnement est importante. D’une part, il faut éviter de créer une structure ghetto qui détonne dans l’environnement, qui jure dans le décor et qui donne l’impression que l’on a voulu confiner des jeunes dans un espace réservé, coupé du reste. D’autre part, une structure où domine le béton doit s’assortir d’éléments, de préférence naturels, qui vont atténuer la sévérité et l’uniformité des matériaux. Le design des installations peut certes contribuer à cet effet d’adoucissement, mais rien de mieux qu’un aménagement paysager judicieusement conçu à cette fin. L’attrait du skateparc n’en sera que rehaussé.

L’attrait d’une aire de skate n’est pas seulement local, mais aussi régional, national et même international. Les adeptes sont prêts à se déplacer juste pour essayer une installation de renom. Même des sites de petites dimensions peuvent faire leur marque auprès des adeptes si l’attrait est indéniable et unique.

Il existe un tourisme des skaters. Les adeptes planifient des itinéraires de voyage durant leurs vacances axés sur la visite de différents parcours. Non seulement l’attrait d’un skateparc procure une visibilité accrue des installations, mais il apporte également une clientèle extérieure aux commerçants locaux.

Les sportifs qui utilisent les skateparcs constituent une population très diversifiée en termes de sports pratiqués (skate, patin, BMX, trottinette), mais également en termes de discipline au sein de chaque sport. Par exemple, un adepte de skate peut avoir un intérêt plutôt marqué pour des exercices plus techniques (sauts, glisse, etc.), tandis qu’un autre se passionnera plutôt pour les routines dans des plans courbés (demi-lunes, bols, piscines).

Il est important de bien cibler les besoins des adeptes afin d’offrir des installations pertinentes. Par exemple, une communauté qui requiert un parc de type « bol » risque de ne pas trouver son compte dans un parc de style « skate-plaza » qui favorise les figures plus classiques.

L’emplacement et son accessibilité auront un effet sur la fréquentation du skateparc. Il faut connaître les modes de transport de la clientèle visée (à pied, en voiture, en transport en commun, à vélo, etc.) ainsi que la distance que les adeptes seraient prêts à parcourir pour pratiquer leur sport. La proximité des installations et la facilité de s’y rendre ont un effet sur la fréquence à laquelle les usagers iront pratiquer leur discipline.

Les facteurs suivants sont à prendre en compte dans le choix de l’emplacement afin que le parc soit le plus accessible possible :

  • Proximité des transports en commun
  • Proximité des quartiers résidentiels où réside la clientèle cible
  • Proximité des axes routiers
  • Stationnement
  • Proximité des pistes cyclables et supports à vélos

Un choix important s’impose pour l’accès aux skateparcs dans un secteur urbain : vaut-il mieux rassembler tous les usagers dans un grand site central ou disperser les installations dans les quartiers pour favoriser l’accessibilité?

Une solution consiste à réserver des endroits dans des espaces multiusages, par exemple des zones de skate temporaires pour l’été. Il est aussi possible d’effectuer des changements de réglementation dans des parcs existants pour y permettre la pratique. Comme les débutants n’ont souvent besoin que d’une surface plane pour s’exercer à rouler, il peut être intéressant d’autoriser la pratique à des endroits déjà pavés.

Compte tenu de la complexité des disciplines et de la multitude des formes que peut prendre un skateparc, il est fortement recommandé aux preneurs de décisions qui ne sont pas familiers avec le domaine de s’entourer de personnes-ressources afin de les appuyer tout au long de leur démarche. Les experts devraient notamment permettre de faire plus facilement le lien entre la communauté des usagers et les différents agents chargés de réaliser le projet. Ces experts pourront intervenir sur plusieurs sujets, en commençant par expliquer le jargon aux non-initiés. Et comme les tendances en matière de parcours sont changeantes, il est difficile pour quelqu’un qui ne s’y connaît pas de savoir exactement ce qui est au goût du jour.

Acteurs des scènes locales pouvant faire office d’experts-conseils

Fédération de skateboard du Québec
OBNL locaux œuvrant dans le domaine
Consultants dans le domaine
Skaters spécialistes
Boutiques spécialisées
Ouvriers spécialisés dans la construction de skateparcs
Concepteurs/dessinateurs de skateparcs
Entreprises spécialisées en construction
Firmes de consultants
Écoles de skate
Skateparcs privés
Organisateurs de compétitions
Usagers locaux (avec au moins 10 ans d’expérience)

La consultation d’experts peut se faire sur une base contractuelle ou volontaire. Les citoyens et futurs usagers seront également heureux d’être consultés tout au long de la mise en marche du projet. Il est conseillé d’impliquer les usagers dans le processus décisionnel et de leur laisser le temps de réagir pour commenter les parcours proposés.