Afin de bien répondre à la demande des usagers d’un skateparc, plusieurs facteurs sont à prendre en compte.

Il est important de se doter de moyens pour bien connaître et comprendre la clientèle :

  • Âge
  • Sports pratiqués
  • Niveaux d’habileté
  • Disciplines préférées

La consultation des citoyens est importante pour établir ou consolider le lien de confiance, favoriser l’engagement et s’assurer que les installations répondront convenablement à la demande.

Plusieurs moyens permettent de recueillir les données :

  • Entrer en contact avec des personnes-ressources qui aideront à mettre sur pied un comité de citoyens engagés
  • Réaliser un sondage
  • Organiser des rencontres publiques où les usagers pourront faire connaître leurs opinions
  • Engager une firme spécialisée pour se charger de cette approche
  • Favoriser les processus créatifs en groupe

Les besoins de la population à l’égard des skateparcs peuvent varier beaucoup et influenceront divers paramètres.

Dimensions

La superficie minimale d’un skateparc est de 280 mètres carrés (3000 pi ca). Une aire plus petite ne répondrait pas convenablement aux besoins des utilisateurs. Une installation de 929 mètres carrés (10 000 pi ca) peut accommoder 25 000 habitants3.

Obstacles à intégrer

Les obstacles ou « modules » sont les structures que les adeptes utilisent afin d’effectuer leurs prouesses.

Quantité de skateparcs

Dans certains cas, il peut être préférable de mettre en place plusieurs installations de plus petite taille desservant chacune un quartier ou un arrondissement plutôt qu’une grande installation régionale. Ces installations « satellites » seront complémentaires à une installation de plus grande envergure située à un endroit centralisé.

Un plan global s’impose pour établir un équilibre entre petites, moyennes et grandes installations en fonction des besoins. Ce plan global devrait s’inscrire dans le cadre d’un plan triennal d’immobilisation (PTI) qui présente la vision actuelle et future du développement des infrastructures.

Niveaux d’habileté

Il est important de connaître le profil type des adeptes qui fréquenteront le skateparc et leurs niveaux d’habileté afin de bien répondre à leurs besoins. Un endroit qui offre déjà des parcours pour débutants à proximité devra peut-être s’enrichir de nouvelles installations pour offrir des parcours de niveau plus avancé.

Les installations doivent être complémentaires à ce qui existe déjà localement. Les skateparcs avoisinants doivent donc être pris en compte dans la prise de décision. Les niveaux d’habileté risquent aussi de changer si par exemple les usagers ont eu accès à plusieurs parcours différents auparavant, ce qui n’est pas le cas d’une région où il n’y a jamais eu de skateparc.

Volume potentiel

En sondant la population, il sera facile d’évaluer si l’installation projetée répondra convenablement aux besoins ou si l’aire prévue aura la taille appropriée.

Selon l’étude de l’INSPQ mentionnée dans l’introduction4, 5,68 % de la population québécoise affirmait en 2015 avoir pratiqué la planche à roulettes durant l’année (ces données excluent la trottinette, le patin et le BMX). Parmi cette population de 466 000 personnes, 35,5 % affirmaient s’y être adonnées sur une base régulière au moins une fois par semaine. On pouvait donc estimer à 165 430 le nombre d’adeptes québécois de skateboard qui pratiquaient ce sport chaque semaine (1,9 % de la population).

Une extrapolation peut donner une idée du nombre d’adeptes susceptibles de fréquenter un skateparc au moins une fois par semaine. Pour une population de 10 000 habitants par exemple, on aurait 190 pratiquants (1,9 %). Il faut cependant ajouter les adeptes de la trottinette, du patin à roulettes et du BMX. On ne dispose d’aucune statistique pour ces trois activités, mais on peut estimer que cette population représente 50 % de celles des adeptes de skate. On obtient ainsi une proportion de 2,85 % de la population pouvant constituer la clientèle d’usagers hebdomadaires. C’est cependant une estimation prudente pour éviter toute exagération.

Le guide américain Public Skatepark Development Guide calcule les heures de haute affluence d’un skateparc en présumant que le tiers des usagers hebdomadaires (33 %) peut s’y retrouver à ce moment. Pour savoir combien d’adeptes utiliseront le skateparc aux moments les plus achalandés, on peut recourir à la formule suivante, appliquée à l’exemple d’une municipalité de 10 000 habitants :

Population totale (10 000) x 2,85 % = 285 usagers hebdomadaires
285 x 33 % = 94 usagers dans les périodes les plus achalandées

Même si cette formule a été éprouvée, ces chiffres ne sont qu’une estimation pour évaluer la quantité maximale d’usagers qu’un skateparc peut accueillir en même temps.

Cohabitation des différentes disciplines

Les usagers pratiquant des disciplines différentes à des niveaux variables, il est important qu’ils puissent cohabiter de façon efficace et sécuritaire. Les trottinettes et les skateboards font ordinairement bon ménage, mais il faudra probablement prévoir des espaces à l’écart et de plus grandes dimensions s’il y a une quantité importante d’adeptes de patin et de BMX, qui apprécient généralement des obstacles plus imposants. Les adeptes de BMX ont cependant la possibilité, dans bien des cas, de pratiquer leur sport ailleurs, sur des pistes de BMX spécialisées.

Il faut également être capable de répondre aux besoins variables des pratiquants d’un même sport en partageant l’espace de façon proportionnelle. Par exemple, si 30 % de la clientèle de skaters préfère la discipline du « bol », il serait logique de ne leur allouer que 30 % des ressources et de l’espace.


[3] INSPQ, Voir Public Skatepark Development Guide, « Skatepark Adoption Model ».
[4] INSPQ, Bureau d’information et d’études en santé de la population, Étude des blessures subies au cours de la pratique d’activités récréatives et sportives au Québec en 2015-2016.